Députée de la Drôme (1ère circonscription)
Première Vice-présidente de la Commission Supérieure du Numérique et des Postes
Vice-Présidente de la Commission des Affaires étrangères

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24 avril : jour de commémoration du génocide arménien


Retenue hors de Valence le jeudi 24 avril, j’adresse mes sincères excuses et mes regrets de ne pouvoir être présente physiquement lors de la cérémonie de commémoration du génocide arménien. J’étais avec vous par la pensée et j’ai chargé Anne-Laure Thibaut, ma suppléante, de vous dire quelques mots, que j’ai le plaisir de partager avec vous ici.

Le Président de la République Emmanuel Macron a institué en cérémonie nationale depuis le 24 avril 2019 cet hommage que vous aviez coutume de rendre aux victimes du génocide. Le chef de l’Etat l’avait dit en tout début de mandat : la France c’est d’abord et avant tout ce pays qui sait regarder l’histoire en face (…), qui dénonça parmi les premiers la traque assassine du peuple arménien dans l’Empire ottoman. La France est un pays « qui, dès 1915, nomma le génocide pour ce qu’il était : un crime contre l’humanité, contre la civilisation. Qui, en 2001, à l’issue d’un long combat, l’a reconnu dans la loi. »

Cette cérémonie, et le travail de mémoire constant, est l’occasion de rappeler que nous n’oublions pas la terrible journée du 24 avril 1915 durant laquelle près de 600 intellectuels arméniens furent arrêtés par les autorités ottomanes à Constantinople, avant d’être déportés ou assassinés. Nous n’oublions pas que, ce jour funeste marqua le début d’un génocide ayant entraîné la mort de plus d’un million de personnes.

Les historiens ont documenté l’implacable machine administrative et meurtrière qui s’est mise en marche, sous l’impulsion des Jeunes Turcs, pour tuer en masse les élites (intellectuels et notables) puis massacrer les hommes adultes, puis forcer les femmes, enfants et vieillards à quitter leur domicile et à effectuer des marches de la mort dont très peu survécurent, et enfin à torturer, violer et exécuter en masse les survivants.

1,2 à 1,5 millions de victimes sont dénombrées : il s’agit bien d’un génocide, et le fait que la Turquie d’aujourd’hui ne veuille pas reconnaître cette page infamante de son histoire laisse des plaies béantes. Il faudra bien qu’un jour ce mot cesse d’être interdit en Turquie ; j’ai encore tout récemment questionné les membres du Conseil Suprême de la radio et télévision turcs sur ce sujet, lors d’une mission pour le compte de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe qui vérifie la liberté des futures élections de mi-mai 2023. Hélas, il se confirme que la législation turque ne reconnaît toujours pas ce mot, et que les médias gouvernementaux appliquent strictement cette interdiction.

Le souvenir de ce génocide pèse naturellement sur l’actualité inquiétante de l’Arménie de 2023. Après la guerre menée par l’Azerbaïdjan au Haut Karabakh en octobre-novembre 2020, après le cessez-le-feu sous l’égide de la Russie, c’est désormais le blocus du corridor de Latchine qui menace les habitants du Haut Karabakh, en violation du droit humanitaire international. La Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à   l’Azerbaïdjan, mercredi 22 février, d’« assurer la circulation sans entraves des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor de Latchine ». Cette route, unique voie qui relie les 120 000 Arméniens vivant au Haut-Karabakh, à l’Arménie, est bloquée depuis le 12 décembre 2022 par des militants azerbaïdjanais. Nouvelle preuve de la stratégie de la tension des Azéris, l’Azerbaïdjan a annoncé le dimanche 23 avril avoir installé un premier poste-frontière à l’entrée du corridor de Latchine. Soyez certains qu’à travers les institutions diplomatiques internationales, la France suit ces événements et ne laissera pas faire. A l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, je serai de celles et ceux qui s’élèveront contre ces pratiques et demanderont le respect du droit international.

Enfin, cette journée du souvenir est aussi l’occasion de penser à l’avenir. L’avenir passe sans doute par un renforcement du partenariat avec l’Union Européenne.

Sans être d’un optimisme béat, on doit se féliciter du lancement de la mission civile de l’Union européenne en Arménie suite à la réunion quadripartite Charles Michel/ Emmanuel Macron et les chefs d’état arménien et azéri, le 6 octobre 2022 à Prague : cette mission vise à faciliter le rétablissement de la paix et de la sécurité dans la région, l'instauration d'un climat de confiance et la délimitation de la frontière internationale entre les deux États. Le 20 février 2023, l'Union européenne a donc lancé la mission civile de l'Union européenne en Arménie (mission de l'UE en Arménie - EUMA) dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC).

Une récente résolution de l’Union européenne, publiée le 15 mars 2023, établit la liste de tous les problèmes qui restent à régler mais surtout fait le bilan des progrès qui ont été faits. Par exemple, l’Arménie d’aujourd’hui doit faire face, en plus de toutes ses difficultés, à un afflux de Russes fuyant la conscription, et à un désintérêt de la Russie pourtant garante des accords de 2020. Mais elle peut compter sur ce partenariat avec l’Union Européenne pour des collaborations dans des domaines très divers favorisant son développement.

Le souvenir des massacres passés doit inciter les peuples à préparer un lendemain pacifié. Ce sont les valeurs européennes, construites sur les décombres de la 2nde guerre mondiale, qui permettent aujourd’hui de bénéficier de la paix et du développement. Souhaitons que l’Arménie puisse en recueillir les bénéfices.

C’est sur cette note positive que je vais clore mon propos, en exprimant à nouveau tout mon soutien et en remerciant pour tout ce que les Arméniennes et Arméniens ont apporté à notre pays.


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