Députée de la Drôme (1ère circonscription)
Première Vice-présidente de la Commission Supérieure du Numérique et des Postes
Vice-Présidente de la Commission des Affaires étrangères

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Commission des affaires étrangères : Hommage à Marielle de Sarnez


Lors de la Commission des affaires étrangères du mercredi 20 janvier 2021, nous avons rendu hommage à Marielle de Sarnez, ex Ministre, et ancienne présidente de la commission des Affaires étrangères.

 

Retrouvez mon éloge ci-dessous :

 

Chers collègues,

Stefan Zweig, dont Marielle partageait la passion avec François Bayrou, écrivit un jour :

« Dans la politique et dans la vie, les demi-mesures et les hypocrisies font toujours plus de mal que les décisions nettes et énergiques. »

Marielle de Sarnez, femme du centre, restera pour moi une femme de décision.

Comme présidente, de notre commission, j’ai admiré sa capacité à animer les débats, à respecter chacun. Elle portait haut ses valeurs humanistes, ponctuait les interventions de remarques pertinentes et concluait par une synthèse intelligente. Nous l’avons vue très proactive pour fixer l’agenda, battante pour porter certains débats dans l’hémicycle, subtile politique pour faire rayonner la Commission des Affaires Etrangères.

Bien sûr, il fallait avoir le courage de l’affronter, de se prendre un refus, explicite ou implicite, se faire foudroyer de ce fameux regard bleu où passait en quelques secondes un éclair glaçant et définitif avant de reprendre sa lueur bienveillante. 

Marielle incarnait aussi parfaitement une femme libre, qui avait choisi ses fidélités par goût et jamais par contrainte ou renoncement. Elle s’était affranchie de beaucoup de codes : les codes du parcours traditionnel, puisqu’en mai 68, aux études elle avait préféré l’école de la vie. Les codes vestimentaires puisqu’elle portait avec une grande élégance ces jeans slims, ces chaussures plates, ces chemisiers blancs, ces vestes avec son allure de jeune fille, et qui forgeaient une silhouette inimitable.

Elle aimait la vie : ses enfants, ses petits-enfants, les tribus qu’elle se choisissait. Elle avait besoin de materner, d’être protectrice. Elle parlait avec fierté des romans écrits par Justine Augier, sa fille : cela avait créé un trait d’union avec moi. Et Augustin, dont les activités humanitaires la passionnaient.

Toujours prête à partir avec un bagage hyper-léger, c’était une femme qui parcourait le monde, et qui s’émerveillait de sa diversité : de l’île d’Yeu à Patmos, de Paris à Mossoul, de Kiev à Bamako, de Lampedusa à Gaza.

Enfin, outre cette femme à la vie politique très riche que d’autres salueront mieux que moi, elle restera dans la mémoire collective comme l’Européenne convaincue, une pro Européenne exigeante. Cela l’amenait à considérer avec sévérité les pays qui frappaient à la porte de l’Union, et certes elle n’a pas été une grande militante de l’élargissement aux Balkans Occidentaux, que je défendais.

Pour illustrer ces Marielles qui coexistaient en elle, je vais emprunter quelques phrases s’un livre qu’elle aimait : Tendre est la nuit de F Scott Fitzgerald :

« Vous êtes quand même quelqu’un d’un peu compliqué.

-Oh non, pas vraiment. Disons qu’il y a en moi un certain nombre de gens très simples, qui s’additionnent. »

Que savions-nous de cet être complexe, au fond ? J’ai mieux compris lors des hommages qui lui ont été rendus le 18 janvier en l’église Saint-Sulpice que ses origines aisées ne lui avaient pas garanti la sécurité affective dont chacun a besoin pour se construire. François Bayrou a bien résumé : talentueuse et courageuse. Nous connaissons son courage dans ses combats politiques, dans son combat contre la maladie, mais peut-être y avait-il d’autres combats personnels où son courage avait été mis à rude épreuve.

Pour conclure, laissez-moi évoquer ce que je garde en moi de Marielle de plus personnel.

  • Lors de notre mission en Iran, que j’évoque avec émotion car Claude Goasguen et Marielle de Sarnez en étaient, tous deux disparus aujourd’hui, j’ai été frappée par sa détermination à débuter la mission par la ville provinciale de Kachan, pour mieux saisir le pays. Prendre le train. Marcher. Agrémenter le programme de moments culturels et conviviaux. Et rire, rire de ses anecdotes du temps de Giscard. Et bien sûr, l’instant d’après, tenir son rang avec rigueur et brio dans les échanges protocolaires. Partir avec elle, c’était une aventure humaine inoubliable.
  • En ce qui concerne nos travaux, chacun salue leur richesse et leur densité sous sa présidence ; je la remercie d’avoir toujours soutenu mes combats sur les droits humains et les droits des femmes à l’international.
  • Enfin, je lui suis reconnaissante d’avoir mis sur pied la mission sur le contrôle parlementaire des ventes d’armes. C’était audacieux, c’était une bonne décision. Puisset-elle se traduire par une suite concrète. Nous le lui devons.

Marielle est partie mais cette absence est irréelle.

En exprimant mes très sincères condoléances à tous ses proches, ses camarades, à Alexandra, je termine sur ces mots parfois attribués à Charles Péguy. Ils vont si bien à Marielle :

« La mort n'est rien, 
je suis seulement passé, dans la pièce à côté. 

Je suis moi. Vous êtes vous. 
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours. 

Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné, 
parlez-moi comme vous l'avez toujours fait. 
N'employez pas un ton différent, 
ne prenez pas un air solennel ou triste. 
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. »

Merci Marielle, dans la pièce à côté.

Mireille Clapot

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