Députée de la Drôme (1ère circonscription)
Première Vice-présidente de la Commission Supérieure du Numérique et des Postes
Vice-Présidente de la Commission des Affaires étrangères

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La France face à la révolution des NBIC : quelle place dans le match États-unis/Chine ?


Investir et convaincre les citoyens : oratrice en hémicycle, le vendredi 26 mars 2021, pour le groupe de La République en Marche lors du débat sur « La France face à la révolution des NBIC : Quelle place dans le match États-Unis/Chine ? », j'ai attiré l'attention du gouvernement sur cette double nécessité, tant au niveau national qu'européen.

 

Retrouvez mon intervention ci-dessous :

 

Merci Monsieur le Président.

Monsieur le Ministre, chers collègues,

Ces dernières décennies, les NBIC ont progressé avec fulgurance. NBIC : N pour nanotechnologies qui manipulent les atomes, B comme biotechnologies s’appliquant aux gènes, I comme informatique qui s’appuie sur les bits, et C, les sciences cognitives avec les neurones biologiques.

La fameuse « convergence » de ces 4 technologies va permettre d’entrer dans un nouveau paradigme scientifique ou technologique.

Les NBIC sont connues pour cristalliser la conflictualité entre Etats-Unis et Chine. Pour Washington, la technique occupe une fonction cardinale dans la tradition politique et la construction de l’hégémonie. Mais les GAFA se sont peu à peu émancipées de la politique fédérale américaine. 

A Pékin, depuis Deng Xiao Ping, les ambitions économiques, socio-et géopolitiques s’ancrent dans une politique technoscientifique. Les BATX, équivalents chinois des GAFA, sont de puissants relais de la politique étrangère chinoise.

 

Dans les 2 cas, les NBIC sont la pierre angulaire de cette course technologique ; elles ouvrent en effet des perspectives enthousiasmantes pour qui aspire à l’hégémonie : prospérité économique, suprématie militaire, contrôle sociopolitique des populations, résolution de la crise environnementale sans remise en cause du régime de production capitaliste.

D’où l’importance particulière donnée à l’Intelligence Artificielle, qui permettra selon le mot de Poutine, d’être le maître du monde.

 

Les investissements de ces 2 géants sont colossaux. Rien que l’IA représente 1Md dans les 450Mds$ de RetD américains, avec un investissement privé des GAFAM de 60Mds$. La Chine y consacre 22Mds$, et vise 60Mds$ avant 2025.

Donc suprématie politique, économique, financière .des Etats-Unis et de la Chine.

 

Alors, me direz-vous, et l’Europe ? Et la France ?

L’Union Européenne a fait tardivement émerger des objectifs stratégiques de recherche  et ce n’est que tout récemment que la Commission européenne a orienté sa politique vers une nouvelle doctrine : celle de l'autonomie stratégique et de la souveraineté numérique.

Certes, 8 milliards d'euros sont dédiés au numérique dans le futur cadre financier pluriannuel (2021 - 2027), certes 20 % des 750 milliards d’euros prévus dans le plan de relance européen seront alloués au numérique et le Projet Important d’Intérêt Européen Commun pour la micro-électronique est un succès.

L'Europe promeut les grandes innovations technologiques, telles que la 5G ou l'intelligence artificielle, avec la parution du livre blanc en février 2020, mettant l’accent sur l’éthique, ce que nous partageons pleinement. Mais on peut dire ici, sans révéler de grands secrets, que la culture commune de la donnée est loin d‘être acquise, et que l’agilité de l’Union Européenne n’est pas sa vertu cardinale.

 

Il faudra patienter encore un peu pour que cet écosystème européen prenne forme.

 

Aussi la France active ses leviers souverains, avec :

  • le plan France Relance à 2 ans,
  • les PIA à 5 ans, avec les stratégies d’accélération du PIA4
  • le financement de la recherche à 10 ans, que notre récente LPR porte à 3% du PIB, soit 25 Mds€ sur 10 ans,
  • le déploiement d’une stratégie IA aux succès reconnus
  • le plan Nano 2022
  • un plan majeur pour les technologies quantiques dévoilé en janvier par le pt de la République avec 1,8 milliard d'euros.

Enfin cybersécurité, espace numérique et Cloud de confiance devraient être des priorités pour la prochaine Présidence française de l'UE en 2022.

 

Mais après avoir analysé la rivalité sino-américaine dans les NBIC sous l’angle de la conquête technologique, puis envisagé l’Europe sous l’angle des données, et la France sous celui du soutien financier je voudrais ouvrir une dernière partie, plus franco-française, sous l’angle sociétal. Car il faut bien en venir à une question essentielle pour nos concitoyens : les NBIC, pour quoi faire au fond ? Permettez-moi ici de citer Pic de la Mirandole. En 1486, dans le Discours sur la dignité de l’homme, il s’adressait ainsi à la dignité humaine :

 " Si nous ne t’avons fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, c’est afin que, doté pour ainsi dire du pouvoir arbitral et honorifique de te modeler et de te façonner toi-même, tu te donnes la forme qui aurait eu ta préférence." 

Les NBIC nous prédisent des applications dans la santé : une médecine prédictive, des médicaments intelligents mais surtout un homme augmenté avec des membres bioniques, des organes artificiels, et ouvrent la porte au transhumanisme, dont Pic de la Mirandole aurait été le précurseur.

Plus pessimistes, certains de nos concitoyens s’inquiètent des pertes d’emplois, de la surveillance généralisée, des manipulations, de la toxicité des nanoparticules.

Nous devrons sans doute les convaincre, en leur apportant la preuve qu’ils vivront mieux et que la planète sera préservée.

 

Oui, la France, dans une Europe raisonnée et fière de ses valeurs, peut tenir son rang dans les NBIC tout en se démarquant des plateformes américaines et chinoises, dans l’intérêt des citoyens européens.

 

 

Seul le prononcé fait foi.

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