Députée de la Drôme (1ère circonscription)
Première Vice-présidente de la Commission Supérieure du Numérique et des Postes
Vice-Présidente de la Commission des Affaires étrangères

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Ma question à M. Jean-Pierre Chevènement en Commission sur les ingérences étrangères


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Le 2 avril 2023

Audition de M. Jean-Pierre Chevènement, ancien député, sénateur et ministre.

 

Mireille Clapot :

Merci Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Vous êtes un grand homme d’Etat. Vous avez joué un rôle éminent dans la défense des intérêts de la France. Vous avez joué un rôle aussi en faveur de la paix. J’ai bien noté que vous avez défendu des cas de personnes injustement emprisonnées ou attaquées. Vous avez cité Oleg Sentsov, les dirigeants de Delpal, parmi lesquels Philippe Delpal. Tous les observateurs attentifs de la Russie ces dernières décennies ont bien vu des signes avant-coureurs d’un autoritarisme croissant du régime et d’un basculement vers une obsession qu’on voit maintenant à l’œuvre en Ukraine.

Ce que j’aimerais savoir, c’est à quel moment votre pensée vis-à-vis de la Russie a évolué ? Quels ont été pour vous les signes avant-coureurs, les moments décisifs avant le 24 février 2022, qui ont pu vous faire changer d’idée et vous faire dire que tous ces pas faits en direction de la Russie ne servaient peut-être pas autant les intérêts de la France que vous auriez pu l’imaginer ?

 

Jean-Pierre Chevènement :

Cela va vous surprendre, Madame la Députée, mais je vous dirais que je n’ai pas sensiblement changé d’avis sur la Russie. Pour moi, c’était quand même le pays des goulags, je n’ai jamais été bolchevik, ce n’est pas mon modèle de pensée. J’y suis même radicalement opposé. Par conséquent, je n’ai pas été surpris de ce que j’ai pu apprendre ou voir, j’ai simplement espéré que les choses iraient dans le sens d’un mieux. J’ai d’ailleurs constaté qu’elles s’arrangeaient quand même, sur la longue durée, si l’on prend la période qui suit la période de Khrouchtchev : Brejnev, puis ensuite il faut attendre Gorbatchev, assez longtemps quand même, pour observer une amélioration d’un Etat de droit et même l’apparition d’une fragile démocratie. Cette démocratie était-elle réelle sous Eltsine ? Dans une certaine mesure oui, mais elle était quand même rejetée par une grande masse de la population, ce qui a amené Boris Eltsine à se retirer.

S’agissant de Vladimir Poutine, je persiste à penser que jusque dans les années 2013-2014, on pouvait avoir le sentiment que les choses pouvaient s’arranger. Il y a eu ce tournant que j’ai évoqué du discours de la Verkunde en 2007. Les choses se sont vraiment dégradées quand, par exemple, une institution comme Memorial a été suspendue. Je me suis passionné pour l’histoire russe, elle est passionnante d’ailleurs, mais elle comporte de très nombreuses versions. Les versions tsariste, blanche, rouge de différentes nuances d’ailleurs et ce que pensent aujourd’hui les Russes. C’est un peuple très intelligent, très original et il faut aussi comprendre ce qui fait la spécificité de la Russie pour mieux favoriser les facteurs de démocratisation qui existent et existeront, j’en suis sûr, à l’avenir. Je ne suis pas du tout désespéré pour l’avenir de la Russie ; elle existera encore dans 10, 15 ou 20 ans et qu’est-ce que l’on mettrait entre la Chine et l’Europe ? Donc la Russie existera mais le problème, c’est d’avoir une politique qui lui permette de prendre sa place dans l’équilibre européen et mondial, une place qui serve les intérêts et le développement de la démocratie. Ce n’est pas joué.


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